L’ensemble des suppliques et des lettres pontificales prises en compte dans cette étude a été compilé dans une base de données réalisée par tableur. Cette dernière permet de concentrer toutes les connaissances livrées par les missives et peut être utilisée pour les analyses quantitatives (par un traitement statistique) et qualitatives (par la compilation de toutes les informations rassemblées sur un cas précis). Sa structure est illustrée par le document. Elle nous permet d’enregistrer les renseignements sur les différents acteurs qui jouent un rôle dans la supplication : les impétrants, les émetteurs, les destinataires et les intermédiaires. Les informations qui les concernent sont catégorisées par l’institution pontificale selon le sexe (homme ou femme), le statut (séculier, régulier ou laïc), l’ordre (régulier monastique, mais aussi majeur ou mineur) et la fonction dans l’ecclesia (clerc, chanoine, mendiant, etc.) ou dans la société laïque (roi, seigneur, citoyen, etc.). Enfin, suivent leur nom et leur lieu de provenance (colonnes 2 et 3).
Les informations contenues dans les suppliques ont été versées de manière légèrement distincte dans notre base de données. En effet, ces documents nous apportent des éléments nouveaux par rapport aux lettres pontificales (illustrés par le document ). Les destinataires ou intermédiaires sont remplacés par les émetteurs, dans la mesure où ils peuvent être différents du ou des suppliants.
La base de données contient l’identité des nombreux individus concernés par cet échange épistolaire. D’abord, nous comptons plus de 1 060 pétiteurs en situation d’infirmités. Ensuite, notre base de données dévoile l’identité des émetteurs de suppliques pour plus de 80 impétrants. Elle est également composée du nom des destinataires des lettres dans un peu plus de 340 cas au xiiie siècle et dans 560 affaires au xive siècle. Pour finir, elle indique la fonction des intermédiaires dans le processus de supplication pour 50 pétitions du xiiie siècle et 100 du xive siècle. Ces renseignements s’avèrent parfois lacunaires, car les acteurs peuvent être mal connus ou incorrectement référencés. Ils nous permettent toutefois d’ébaucher une base prosopographique des interlocuteurs auprès de la Chancellerie pontificale.
L’infirmité des suppliants et la grâce octroyée par les papes ont également été répertoriées et classifiées en fonction de leur nature et de leurs causes, dans la mesure du possible. Chaque impétrant est caractérisé selon le type d’incapacité dont il souffre et ses effets (colonne 4 – haut), ainsi que par sa demande et ce qu’il obtient de la Chancellerie (colonne 4 – bas). Il semble en effet évident que les conséquences de l’invalidité changent selon la fonction de la personne et de ses infirmités physiques ou mentales. Ces renseignements s’avèrent précieux dans l’optique d’un traitement statistique des sujets infirmes, mais également dans celui qualitatif des pratiques de la grâce pontificale.